Étiquette : décès

  • Odille Edelein nous a quitté

    ensembleAujourd’hui ma mère est morte ! Non pas aujourd’hui… Sa mort s’est inscrite dans mon présent, mais elle est morte il y a quelque temps déjà… Hier, les policiers sont venus chez moi. Un homme et une femme, ils étaient gênés, car ils avaient une nouvelle difficile à m’annoncer.  « Votre mère, Odille Edelein, et son compagnon, Henri Vuillemain, ont été retrouvés morts dans leur appartement de Marseille 10… »

    D’abord j’ai été submergé par l’émotion, puis entre deux sanglots j’ai fini par dire… Les deux ? Ensembles ? La femme m’a répondu « oui… Vous pourrez en savoir plus en appelant Monsieur XXX gardien de la Paix à Marseille au numéro XXX »

    Ce que j’ai fait, et il m’a confirmé que ma mère et Henri, sont morts tous les deux. Et que cela ne date pas d’hier, mais de plus longtemps… C’est pour cela que je n’arrivais plus à lui parler depuis presque un mois… Son téléphone restait sans voix, et son répondeur se remplissait…

    visiteIls sont morts ensemble ! Quel soulagement ! Les connaissant comme je les connaissais, soi par malheur un était resté seul, il aurait été perdu…. Ils avaient tant besoin l’un de l’autre. Ils vivaient ensemble depuis plus de 10 ans. Ils avaient choisi de finir leurs jours ensemble. Pas dans une maison de « mort », pas dans un mouroir comme ils appelaient les EPHAD. Ils sont morts de mort naturelle a conclu le médecin légiste qui les a autopsiés.

    Nous allons maintenant procéder à crémation de ma mère comme elle le désirait. Pour Henri, je pense que sa famille le prendra en charge, car il avait des enfants.

    Mais avant de lui dire au revoir, j’aimerais rappeler quelques faits sur sa vie.

    maman2Ma mère est née au siècle dernier, le 4 février 1931 à Sidi Bel Abbes (Algérie) à l’époque où l’Algérie était un département français. Ma mère est donc une pied noir, et de fait je suis moi aussi un des derniers pieds noirs, c’est à dire quelqu’un qui est né en Algérie et qui a sur son numéro de sécurité sociale « 91 » comme code de département (né à Alger).
    Elle est arrivée en France à 30 ans passés, ou plutôt en Corse avec son mari (Benoit Carnicelli) et ses trois enfants. (Moi-même, Jean et Pascale).

    Elle avait fait l’école Normale à Oran, puis est entrée aux PTT où elle a passé sa carrière pour finir à Marseille à France Télécom.

    Ma mère c’est avant tout la mère « La rigueur ». Son mot préféré était le mot « normal ». Elle le mettait au-dessus de tout.

    Elle rêvait d’amour, mais surtout d’amour « normal » ! Elle a considéré pendant longtemps son mariage comme son échec dans sa vie. Quand elle a divorcé, dans les années 70 elle a beaucoup souffert, et nous, ses enfants, en avons les conséquences.

    Depuis que j’ai 6 ans, je l’ai connue malade, dépressive, puis hémiplégique, puis… et encore… Elle se définissait par les maladies qu’elle transportait avec elle. Elle était triple pontée cardiaque. Elle était atteinte de porphyrie hépatique… Et de tellement d’autres choses… Le Vidal ? Son livre de chevet ? Non, c’est un euphémisme…

    henriElle pouvait faire preuve d’une grande abnégation, mais il fallait que cela soit « normal »… Elle voulait vivre une grande histoire d’amour, Roméo et Juliette, Héloïse et Abelard, Tristan et Iseult… Elle voulait être une mère cool quand c’était la mode de Annie Girardeau, avec ses grandes bottes et les romans d’Albertine Sarrazin (L’Astragale,La cavale, la traversière) puis Albertine Sarrazin (La clé sur la porte…)…

    Elle venait danser avec moi quand elle avait 40 ans et plus… Elle a même eu des aventures avec mes amis… Parce que c’était « normal » à cette époque…

    Puis sa normalité l’a poussée vers la Maçonnerie où elle a été un membre « normal » dans une loge « normale »… Elle y a gravi les échelons, et elle aimait cela… Elle voulait bâtir un monde normal pour que tout le monde puisse y vivre une vie normale.

    Elle était très dure, avec elle-même. L’autocompassion ? Jamais ! Mais le sacrifice pour sauver les humains… Elle y était prête dans sa tête. Car elle a beaucoup vécu dans sa tête. Toute sa vie elle s’est intéressée à ce qui lui permettrait de s’évader quitte à se casser l’astragale, de sa tête, mais elle n’a jamais su sauter par la fenêtre.

    a 'lombreUn jour, à 75 ans, elle a rencontré Henri. Un rêveur lui aussi… Prisonnier de ses peurs de ne pas être normal… Et ils ont mis en communs leurs normalités. Pour vivre « Le grand amour » qu’ils méritaient… À partir de là, ils ont commencé à s’isoler pour vivre cet amour auquel personnellement, je pense qu’ils avaient tous les deux droit…

    Malgré, les jugements de droite et de gauche sur la dépendance et le discours normalisateur : « Il faut les mettre en maison de vieux ». J’ai toujours milité pour leur laisser le choix de leur vie ! Et aujourd’hui encore, je pense que ce choix, leur appartenaient ! Si on les avait mis en EHPAD, au vu des différences de revenus, ils auraient été séparés… Car ils ne se sont jamais mariés… (C’est normal !)… Ils auraient été malheureux. Ils ont choisi de vivre ENSEMBLE jusqu’à bout…

    Et on les a trouvés un jour morts tous les deux… À côté d’eux les téléphones portables, batteries vides… Comme étaient vides leurs batteries personnelles. Comment ils sont morts ? De mort naturelle… On peut le penser, le rêver, le sublimer… Roméo et Juliette… Bye ma mère…

    MamanVotre chanson tu te souviens ? Bibi… Tout doucement…

    Elle aimait Édith Piaf… Une chanson pour eux… Moi je me contente d’essuyer les verres…

     [youtube https://www.youtube.com/watch?v=2m-_FzubQx8&w=560&h=315]

     

  • Je vais bien, tout va bien ! Ou pas …

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    Depuis le décès de mon frère, chaque personne qui me croise ou qui m’écrit me pose une question à laquelle je suis très embêté pour répondre. Ils me demandent tous, « comment vas-tu ?  » ou « ça va mieux ? » ou plus difficile encore « j’espère que tu vas mieux »… Et cela me semble normal. En effet, rien n’est anormal dans le fait de prendre des nouvelles de quelqu’un qui vous croise et qui vous est cher. J’en conclus directement que ces personnes s’intéressent à moi et à mon sort.

    Bien sûr il y a celles qui font cela uniquement parce que c’est comme ça qu’on fait. Et il y a aussi, ceux me disent plutôt un truc genre « Il n’y a pas de mots », ou « je ne sais pas quoi te dire » ou « c’est terrible » ou qui vont m’expliquer qu’ils ont déjà vécu cela et que ça va passer…

    Bon alors ? Qu’est-ce que je veux dire par là ? Qu’il ne faut pas prendre de nouvelles ? Ou qu’il ne faut pas me parler ? Ou quoi ?

    Ben ce que je veux dire c’est que c’est normal !

    C’est normal de souffrir quand un être qui nous est cher disparait. C’est normal de ne pas savoir comment prendre la chose quand on est en face de quelqu’un qui souffre.  C’est normal d’essayer d’éviter le sujet quand on ne sait pas comment se comporter.

    Pas de haine ! Pas de rejet !

    Quand j’ai perdu ma première épouse, Élise, les gens venaient me voir et me disaient un truc genre « Et oui… C’est la vie ! » et moi de leur répondre cinglant « Et non, mon brave monsieur, c’est la mort ! »

    Ce n’était pas gentil, hein ? Aujourd’hui avec le recul, je trouve que je n’étais pas charitable, mais c’était « normal » ! Je ne savais pas, à l’époque le pouvoir des mots… Je n’avais que 33 ans ! Quand certains sont vieux à 16 ans, moi je suis resté « dans ma tête », comme Peter Pan pendant des années.

    Alors aujourd’hui quand je regarde ma vie, je me dis que c’est « normal ».

    Oui, il est normal d’avoir mal quand on perd un être cher. Il est normal d’avoir mal quand on rencontre quelqu’un qui souffre (cela s’appelle l’empathie). Il est normal d’avoir mal quand on vit, tout simplement !

    « Si vous ne voulez pas avoir mal, il suffit de ne pas naitre. » C’est simple non ?… Ah ?! Si vous lisez, c’est que vous êtes vivant ? Alors c’est trop tard… Il est « normal » de souffrir…

    Alors, comment savoir si je vais bien ?

    Tous les jours je m’observe, enfin, j’observe mon activité mentale, émotionnelle, physique, et environnementale (par mes 5 sens)… J’observe ma capacité à vivre, simplement pour être vivant, sans autre but que d’être vivant. J’observe ma capacité à retrouver mes ressources vitales, ma stabilité, ma verticalité, ma dignité d’humain, ma respiration…  Et pour cela j’utilise ce que je connais, la méditation de pleine conscience pendant 30 minutes à une heure …. cette durée est variable en fonction des des vagues (voir la suite)

    Lors que mon cerveau m’envoie un train de pensées qui génèrent chez moi de la tristesse, mon corps réagit et je pleure… En ce moment mon cerveau m’envoie ces trains de pensée par vagues discontinues… Sans que je sache réellement quand ça va arriver… Et quand ça arrive, eh bien…. Je pleure c’est tout !

    J’observe ma douleur, dans mon corps, quelquefois j’ai l’impression d’avoir un trou dans la poitrine, d’autres fois c’est un poids qui me pèse sur les poumons… D’autres fois, j’arrive même à perdre le contact et à être pris de sanglots violents qui finissent toujours par se calmer au bout d’un moment plus ou moins long…

    Je ne lutte pas, contre cette déferlante, je me laisse flotter puis je nage latéralement vers les eaux plus calmes et je regarde le courant passer… Ne pas lutter, ne pas éviter… Simplement flotter, maintenant que le courant est si fort… Flotter est la meilleure chose que je peux faire… Je fais toujours de mon mieux… Et mon mieux change d’instant en instant…

    Alors est-ce que je vais bien ? Oui je suis vivant et je flotte… C’est normal de se laisser flotter quand le courant est trop fort. Et chaque fois que le courant se calme je recommence à nager, latéralement, et j’observe le courant résiduel. Demain sera un autre jour…

    Alors est-ce que je vais mieux ? Oui je vais mieux, que si je coulais… Car alors je ne serai plus vivant… Être vivant c’est souffrir, et donner du sens à cette souffrance…

    Je donnerai du sens à postériori… ou pas… Va savoir… aujourd’hui je vais bien et c’est normal de souffrir quand celui avec qui on a vécu, rêvé, bâti et refait le monde pendant 57 ans… n’est plus…

    Y a-t-il des mots pour le dire ? Faites comme vous pouvez, comme vous le sentez, c’est normal ! Surtout, faites de votre mieux. Je vous aime.

    Et pour finir un petit sketch que j’aime bien de Dany Boon « Je vais bien, tout va bien…. »

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=BsibwbSD_0k&w=560&h=315]

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  • Annonce de décès : Benoit Carnicelli

    6a00d834209e6353ef010536a82601970bIl y a quelques années, j’ai travaillé sur ma mission de vie. J’en parle sur le billet sur mon voyage à Compostelle sur le site Guérir.

    Travailler sur sa mission de vie c’est avant toute chose répondre à quelques questions, comme :

    • Quelle couleur est-ce que je veux donner à ma vie.
    • Qu’est-ce que j’aimerai que les autres disent le jour de mes funérailles ?
    • Comment est-ce que je crois que c’est, une vie réussie ?

    Nous sommes là au niveau de la mission que j’appelle spirituelle…

    Mais au delà de cela il y a la mission de réalisation… Travailler sur sa mission de vie c’est aussi, réaliser quelque chose de bien, à partir de ce que mes parents m’ont transmis.

    Alors j’ai fait cet exercice à partir de la perception que j’ai de mes parents

    Aujourd’hui je vais vous parler de celui qui m’a quitté pour la dernière fois hier (c’était le 3 janvier 2009 et au moment où je bascule ce message sur mon nouveau blog, je ne peux m’empêcher d’y penser comme si c’était hier)… Et que je vais accompagner vers l’orient éternel ou vers un ailleurs que je ne connais pas encore, mercredi. (J’allais aller au cimetière)
    Mon père était pour moi un homme savait vivre et qui a su profiter de la vie. Autour de lui il apportait la joie, et la bonne humeur.  C’était aussi un homme qui savait s’engager pour les autres parfois jusqu’au sacrifice. Il savait s »adapter et avait au dire de beaucoup des mains d’or….

    L’important est là pour moi…

    Bien sûr mon père ce n’était pas que cela mais le reste n’est pas important pour moi… Il avait des défauts ?  Certainement !

    Aujourd’hui il a le statut sacré qui permet à tous ces défauts de n’être plus que des formes incertaines perdues dans le lointain de ma mémoire.

    Lorsque nous perdons un être cher, attachons-nous à nous souvenir, de ce qu’ils nous ont légué en réalisant leur vie.

    Qu’est-ce que je vais en faire bien ? Je ne sais pas encore ce que j’en ferai mais j’ai bien une petite idée.
    6a00d834209e6353ef010536b0ba6b970cMerci papa ! Merci pour …

    • Pour ce que tu as fait pour nous quand nous étions jeunes…
    • Pour les parties de pêches que nous ne ferons plus…
    • Pour les parties de chasse que nous n’avons pas fait ensemble…
    • Pour les parties de pêche sous-marine que nous avons faites…
    • Pour les engueulades sur la politique et la religion. Toi qui était d’abord anti-clérical et communiste …
    • Pour ta vision altruiste du monde et TES causes perdues…
    • Pour ta volonté de réussir TA vie !

    Je lève mon verre à mon père, à ce chevalier blanc !
    A la tienne !… Papa….
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